Dominique Fradin Popp - photographies

- -------A l'heure ou le citoyen remet en question les données  nécessaires à son identité, ce que je suis en tant qu'artiste, peut (peut être ?) se définir en zoomant certains épisodes de mon existence, en oubliant le reste qui me semble n'avoir que peu d'intérêt pour expliquer l'inspiration, la création et le partage.

--------"Les poules étaient encore considérées comme des oiseaux chez mes grands parents, quand, enfant, j'allais chercher leurs œufs dans les haies, les granges et les "paillés" ; suis restée imbattable dans l'art de trouver l'introuvable, les trèfles à quatre feuilles dans les jardins, les pointes de flèches au Sahara  et mon 'œil chercheur' s'amuse à trouver les mondes inconnus, les "trésors" cachés dans les paysages."

--------"En jouant à cache-cache dans des sous bois, suis entrée dans la pénombre d'un petit coin caché de "pelouse" verte ou des cyclamens étaient éclairées par des rais de lumière ; je continue à imaginer que ce que je vois n'est adressé qu'à moi et en ressort une grande intimité avec les choses vues."

--------"La tapisserie de ma chambre d'enfant était parsemée de fleurs sur un fond ivoire, un de mes passe temps préférés : je choisissais le premier plan net, floutais l'arrière plan et m'amusais à les inverser, je créais une perspective là où il n'y en avait pas ; en ai gardé ce jeu : rendre sur la surface plane d'une photo les profondeurs, les perspectives, les reliefs, la matière."

--------"En apprenant à écrire je n'éprouvais aucune difficulté à écrire de  la main gauche ou droite, de gauche à droite et  de droite à gauche ou en miroir. Je vis le monde comme un monde à décrypter avec énigmes et sens caché. Mes photos peuvent être exposées dans tous les sens..."

--------"Grace à mon métier j'ai fait de longues découvertes à pied du désert saharien. Absence d'informations, silence, immensité... l’espace se dénude, les sens s’affinent : ce qui est, "est" intensément, uniquement.  Mes essais photographiques seront de témoigner de ce "présent des choses présentes".

--------"Après une séance de yoga, suivi d'un concert  de chant et luth afghan, chaque note se fraie un parcours ondulatoire particulier dans mon corps, chacune provoque une image vibrante de couleur différente. J'entends les notes, je les vois, je les ressens. Prise de conscience qu'une attention intense et élargie, additionne mes perceptions, là où un seul sens devrait être concerné, les autres sens s'y conjuguent. (synesthésie). Je photographie avec toute mon attention, mon écoute, mon ressenti pour devenir  "un" avec le sujet."

--------"Le : "Vous avez droit à l'hermétisme" du professeur de photographie que j'ai écouté quelques années, se rappelle à mon souvenir quand je vois les regards interrogatifs du public devant mes photos. Leur envie de  comprendre l'image provoque un  questionnement, un contact, un échange, un lien"

--------Je fais des tirages de mes photos et j'expose pour faire partager la joie que je ressens à photographier des instants, des matières, des détails prenant figure de paysages, de tableaux, de fresques où chacun projette son imaginaire, que seul le marcheur peut entrevoir au rythme de ses pas.

--------Dans les formes, volumes, couleurs qui s’ordonnent, l’abstraction graphique, en l’absence de repères et d’échelle, trouble, étonne, émeut ; dans ces paysages insoupçonnés qui me touchent et me sont intimes, la beauté, l’harmonie, la poésie tissée d’impressions, affleurent. J’aimerais que les visiteurs se laissent surprendre, tous sens ouverts, comme je l’ai été moi même si souvent au cours de mes voyages à pied.

photos Chloé Cormery